C’est une superbe expo que nous présente le Musée d’Orsay. Il retrace les premières années du XXè siècle avant la naissance de la période cubiste. Le Musée d’Orsay et le musée national Picasso-Paris s’associent pour revisiter de façon inédite le travail de l’artiste entre 1900 et 1906. L’exposition est l’occasion de rapprocher deux périodes « bleue » et « rose » souvent dissociées.
C’est le parcours de quelques années, les débuts de Picasso à Paris. Une période courte 1900 à 1906 où l’artiste tâtonne, emprunte le style de maitres de son temps Degas, Lautrec … avant de se trouver.
Picasso a 18 ans quand il arrive à la gare d’Orsay, en octobre 1900. Et s’il est à Paris, c’est qu’il a été sélectionné pour représenter l’Espagne à l’Exposition Universelle avec une grande toile : « Derniers Moments ».
A Paris, il peint assidument et énormément, jusqu’à 3 toiles par jour. Des scènes de la vie parisienne, des buveuses d’absinthe, des naines, des filles qui attendent sont étonnantes.
Le bleu de la tristesse à la douleur :
1901, Picasso se rend souvent à la prison pour femmes de saint lazare. Les détenues sont pour la plupart des prostituées dont certaines sont recluses avec leur enfant, des femmes atteintes de maladies vénériennes, coiffées de bonnets blancs, signe distinctif. En 1902, il poursuit ses portraits de femmes emprunts de solitude et de malheurs.
Si la période bleue évoque immédiatement l’artiste, l’art de Picasso est loin de se limiter aux toiles. Tableaux, sculptures, dessins et gravures affichent les mêmes expressions de douleurs, représentant des hommes ou des femmes avec le corps meurtri ou amaigri. La souffrance est représentée sous toutes ses formes et sans pudeur.
Vers le rose…
On est en 1904, Picasso s’installe définitivement à Paris car au auparavent il vit entre la capitale française et son pays natal, notamment à Barcelone. C’est à ce moment que le bleu va progressivement disparaitre au profit du du beige, du rose et de l’ocre. C’est la période où Picasso est amoureux de Fernande Olivier. Sur ses toiles, la douleur laisse place à une atmosphère mélancolique et silencieuse. C’est le cycle des saltimbanques qui se nourrit aussi de ses évolutions. Cependant nous sommes loin des strass et des lumières du spectacle, car il s’attarde sur les moments de doute, d’intimité qui saisissent les personnages en dehors de la scène. Le contraste entre les costumes et les visages méditatifs créée une atmosphère étrange.
En 1905, Picasso entretient une relation amoureuse avec Madeleine et le rose s’affirme, l’artiste exécute de nombreuses toiles, avec une palette de couleurs nuancées allant du rouge le plus vif pour les vêtements au blanc laiteux de la peau.
Il consacrera plusieurs oeuvres caractérisées par l’abandon sensuel à travers des peintures, sculptures et gravures pour arriver aux toiles « Les demoiselles d’Avignon » prémisse de sa grande période du cubisme. Le corps féminin se plie aux logiques d’une simplification assumée qui annonce la révolution cubiste. Les traits, les visages les formes et les expressions sont plus grossières et plus géométriques.
Cette expo est le focus le plus complet sur les 6 années des débuts de l’artiste à Paris. Allée laissez-vous tenter, c’est au Musée d’Orsay jusqu’au 6 janvier 2019.
www.musee-orsay.fr- 62, rue de Lille – 75343 Paris Cedex 07 – métro : Solférino – RER C Musée d’Orsay – Bus 24, 63, 68, 69, 73, 83, 84, 94.
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